Le
naufrage du France
Construit
à Zurich par la société Escher Wyss puis assemblé sur un
chantier d'Annecy, le France sera le dernier bateau à
vapeur du lac. Il voit le jour le 13 mai 1909.
Long
de 47,5 mètres et large de 12 mètres, le France a une
capacité d'accueil de 700 personnes. Equipé d'une machine
à vapeur de 350 chevaux et de deux roues à aubes, il
atteint la vitesse de 12 nœuds. Sa coque est en acier. Ses
deux ponts, son grand salon, son fumoir et ses deux salles
couvertes font de lui un navire de classe. A la belle époque
dans les années 30, la France ne cesse de naviguer, surtout
en été. A son bord beaucoup de gens très riches
s'amusent. Le France a le vent en poupe jusqu'à l'arrivée
de la seconde guerre mondiale. Finies les soirées huppées
et raffinées. La milice collaborationniste s'empare du
France pour le transformer en bateau-prison.
Le
13 mai 1944, une rafle jette plus de 100 personnes à son
bord; des interrogatoires y sont même menés.
Après
la Guerre, le France reprend la navigation. Il se fait petit
à petit oublier au profit de la technique automobile. Les
temps sont au changement.
De plus, à chaque croisière, le
France consomme plus d'une tonne de charbon.
En
1962, on s'interroge sur son sort. Il est promis à la
casse, mais la nouvelle ne plaît pas aux anneciens qui
protestent. Une association défense du France se forme et
lance une souscription pour trouver un nouvel acquéreur.
C'est
Monsieur Bruel, directeur de la société des
Bateaux-Mouches de Paris, qui rachète le France pour la
somme de 2,8 millions de centimes. Retapé par les
anneciens, le bateau retrouve une seconde jeunesse. Dépourvu
de certificat de navigation, il reste amarré à sa bouée
au beau milieu de la baie d'Annecy.
Pourtant,
le 27 mai 1965, Monsieur Bruel, bravant l'illégalité, réalise
son rêve: commander lui-même le France pour le premier et
dernier tour du lac.
La
nuit de vendredi 12 mars 1971, le France est encore amarré
à sa bouée puis disparaît le lendemain. Il gît désormais
à 43 mètres de fond, la poupe enfoncée dans la vase.
Que
s'est-il passé? Les anneciens d'abord puis la presse locale
évoquent plusieurs hypothèses. Les esprits s'échauffent.
Certains affirment l'avoir vu gîter peu de temps
auparavant. Ils pensent que le manque d'entretien et le gel
sont certainement responsables d'une voie d'eau, sous la
ligne de flottaison. D'autres parlent même d'un éventuel
sabotage.
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Hier
le France était la fierté du lac, aujourd'hui il est
devenu celle des plongeurs.
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Photos
et textes de Daniel Mazza. |
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